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Technique Gérer l'alimentation des génisses pour un premier vêlage à 25 mois

Dans les trois principales races laitières, on cherche à obtenir un premier vêlage à 25 mois. Un objectif qui demande de gérer leur alimentation avec rigueur.

Un premier vêlage à 25 mois se prépare dès la naissance de la génisse. L'alimentation, en particulier, doit être raisonnée dans ce but. C'est ce que le Groupement Technique Vétérinaire (GTV) de Bretagne a montré au cours de la dixième édition du Breizh Vet Tour qui a eu lieu en décembre.

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Élever ses génisses pour un premier vêlage à 25 mois. Cet objectif est un classique de l’élevage laitier mais il n’est pas si facile à atteindre. C’est une des questions abordées par le Breizh Vet Tour, proposé par le GTV (Groupement Technique Vétérinaire) de Bretagne au mois de décembre, dans les quatre départements bretons.

60 € par mois

Avant tout, il faut être convaincu de l’intérêt du vêlage à 25 mois. Il est désormais admis que cela permet de faire des économies mais qu’en est-il en termes de chiffres ? « Le coût d’élevage d’une génisse est difficile à calculer, reconnaissent les vétérinaires du GTV, parce qu’il y a beaucoup de paramètres qui varient d’un élevage à l’autre. ». Concrètement, le coût d’élevage d’une génisse laitière dans les races principales est estimé à 1 500 € en moyenne, avec un premier vêlage à 25 mois. Et il est d’usage de considérer qu’un retard au vêlage fait monter la facture. « Dans la pratique, les coûts alimentaires varient très peu, révèlent les intervenants du GTV, mais les charges de structures, elles, augmentent sensiblement ». Les vétérinaires estiment à 60 € par génisse et par mois le coût moyen d’un retard au premier vêlage.

Mais l’économie n’est pas le seul argument en faveur d’une mise à la reproduction précoce. Il permet aussi de libérer des surfaces ou des places en bâtiment, réduit le temps de travail, améliore le bilan carbone de l’élevage et accélère le progrès génétique. Il pénalise certes la première lactation mais augmente la quantité de lait sur toute la carrière de l’animal. Tous les arguments sont donc en sa faveur.

60 % du poids de l'adulte à la première IA

Mais il ne suffit pas d’être convaincu. Encore faut-il qu’à 15 mois, les génisses soient en mesure d’être inséminées. Pour cela, elles doivent être pubères et assez grandes. Idéalement, une génisse doit atteindre 40 à 45 % de son poids adulte à la puberté (entre 250 et 280 kg) et 55 à 60 % au moment de la mise à la reproduction (entre 420 et 450 kg). La réalisation de cet objectif dépend avant tout de l’alimentation.

Durant les six premiers mois de la vie d’une génisse, il faut viser un GMQ de 900 à 950 g. Une période qui comprend un virage délicat : le sevrage. « Il engendre un gros stress pour l’animal, expliquent les vétérinaires. Durant la quinzaine qui précède et qui suit, il est conseillé de conserver le plus de stabilité possible (pas de changement de logement) et d’éviter les stress inutiles (pas d’écornage). Les fourrages et les concentrés auront été introduits longtemps auparavant. »

La capacité d'ingestion étant équivalente à 2,5 - 3 % du poids vif de l'animal, la ration évolue avec l'âge de l'animal.

Le pâturage précoce

Entre six mois et la première IA, la croissance doit ralentir. Le GMQ conseillé est de 700 à 800 g. C’est la période pendant laquelle il faut éviter un engraissement excessif qui risque d’augmenter la part de tissu adipeux de la mamelle et de pénaliser la fécondité. Les fourrages riches doivent être évités ou rationnés : pas plus d'un kilo de matière sèche de maïs par quintal de poids vif.

Les vétérinaires du GTV proposent une mise au pâturage précoce. Les avantages sont nombreux : une croissance moins perturbée à la sortie en deuxième année, une longévité et une production laitière plus importantes et un poids au vêlage supérieur. La reproduction en est aussi améliorée. Plus généralement, le pâturage favorise le développement corporel et limite le risque de sur-engraissement.

Les génisses peuvent sortir dès l’âge de huit mois, à partir d’avril ou mai. Les vétérinaires conseillent d’apporter une herbe de qualité non rationnée, avec un apport de concentré de 500 – 700 g à l’épiaison et 1,5 – 2 kg au stage floraison. Elles doivent aussi disposer d’eau potable facilement accessible et d’une complémentation en minéraux et vitamines qui sont essentiels pour la reproduction.

Puisque l'ensilage doit être rationné, la place à la table d'alimentation doit être contrôlée, idéalement avec des cornadis. À défaut, on réservera 30 cm de largeur d'auge par animal. Il est aussi important de réaliser des analyses de fourrage pour élaborer la ration avec précision.

Ces rations assurent aux génisses une croissance permettant une première IA à 15 mois. « Il est souhaitable que la génisse ait eu deux ou trois chaleurs avant la première IA, pour une meilleure fertilité. »

« Une croissance saine et contrôlée permet une carrière plus longue, résument les vétérinaires du GTV. » Elle permet d'augmenter la production de lait tout en limitant le temps de travail de l'éleveur. "Ainsi, les moyens accordés au pré-troupeau ne le sont pas au détriment du troupeau laitier".

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